J'étais, petite fille, subjuguée par la peur et l'attirance des fantômes de la maison de mon grand-père.
Je montais en tremblant, à la fois de crainte et d'espoir, jusqu'en haut des escaliers qui me menaient à ce premier étage quasi déserté où s'entassaient pêle-mêle, dans des pièces aux parfums surannés, livres anciens que plus personne ne lisait, tissus précieux désormais tristement délaissés et albums de cartes postales que les souris avaient délicatement dentelés de leurs minuscules quenottes impatientes.
Je n'osais pas et je me contentais, sous mes paupières frémissantes, de me repasser les images entrevues lorsque j'y avais parfois aventuré mes regards, protégée par les jupes de ma mère.
J''avais alors pu fugitivement aperçevoir de vieux objets dont la destination m'échappait, des pièces de bois qui tournaient, d'autres immobiles sur lesquelles plus aucune main ne s'était posée depuis si longtemps que nul ne s'en souvenait, d'ailleurs le tout était couvert de poussières et de toiles d'araignées.
Un jour, le corps de mon grand-père, raide et froid, ayant déserté pour toujours la demeure qu'il avait si souvent arpentée, il a fallu la vider, la partager, se séparer.
Que de déchirements alors dans mon âme d'enfant qui n'avait pas le droit d'exprimer son chagrin, ses désirs, ses préférences.
Pourtant j'ai réussi, je ne sais plus comment, sans doute en m'agrippant, pleurant et insistant malgré les cris et les remontrances, à sauver du naufrage un de ces vieux albums, disputé à l'appétit des rongeurs et à l'indifférence des hommes.
un morceau de ma vie, une carte de l'album, un reste d'innocence,
une image lointaine, plus ancienne que moi, qui à travers les âges,
au bout de 105 ans, vous livre son message,
le même au fils des ans :
Apprenons du passé,
profitons du présent.
Nous ne faisons que passer,
vivons tant qu'il est temps.
Bonne année 2017 !